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Ibtissame Lachgar

Morocco
Alumna
L’impossible n’existe pas. Tout est possible.
Biography

Mme Ibtissame Betty Lachgar est militante des droits humains et féministe marocaine. Elle est fondatrice et porte-parole de M.A.L.I. ; un mouvement féministe universaliste et laïque défendant les libertés individuelles au Maroc. Ses activités portent également sur la défense des droits sexuels et reproductifs (liberté sexuelle, droits LGBTI). Mme Lachgar est particulièrement active dans l’organisation de campagnes et d'actions visant à lutter contre les violences sexistes, en faveur du droit à l'avortement, contre l’homophobie et mettre en lumière la question des droits des femmes et des libertés individuelles au Maroc, en France et au delà des frontières.

Admirablement, Mme Lachgar est aussi psychologue clinicienne de formation, spécialisée en criminologie et victimologie, ce qui lui permet d'allier son engagement professionnel à son engagement personnelle auprès de différentes associations et ONG.

Image
Betty Lachgar

Speaker's Corner

Pourriez-vous décrire votre expérience avec l’EUVP?

Ce fût une expérience intense par son programme plutôt chargé mais aussi et surtout intense, et enrichissante, en termes de rencontres. Je regrette cependant que certaines réunions n’aient pu être plus longues, afin d’approfondir davantage les échanges. D'autres réunions, en revanche, ont permis d'établir des liens et de mettre en place une collaboration, en ce qui concerne notamment les droits LGBTI, et l’accompagnement des personnes venant du Maroc et demandeuses d’asile en Belgique.

Quel impact a eu le programme EUVP pour votre carrière professionnelle et personnelle?

Comme je l'ai écrit plus haut il y a eu des résultats concrets. Ces rencontres ont permis et permettent encore un travail en partenariat ainsi qu’un engagement militant en Belgique, à Bruxelles, où je me rends désormais très régulièrement.

Quelles sont vos sources de motivation ?

Ce qui m'a inspirée en premier lieu c'est mon histoire personnelle, mon vécu en tant que fille et qu'adolescente. J'ai senti très jeune la force des inégalités des sexes, j’ai subi très jeune la domination masculine et la réalité du système patriarcal. Les injustices ont fait écho en moi. Les violences machistes étaient présentes. Petit à petit je me suis intéressée à toutes les formes d'injustices.
En outre, mon père était militant et opposant. Il y avait un discours politique au sein de la famille. Une soif de liberté m'a été transmise. La lutte en faveur d'un État de droit et de justice sociale devenait une évidence. J'étais étudiante à Paris lorsque j'ai commencé à à m'engager. Mais tout a réellement basculé à l'âge de 20 ans, lorsque j'ai eu un cancer. Cela a été mon premier combat, contre la maladie et contre la mort. C'était une période d'introspection, de questionnements et de réflexion. À la fin de mes traitements et lors de la période de rémission j'ai commencé à vouloir changer le monde. Si mes études à Paris ne me permettaient pas de m’engager au Maroc, je l’étais en France.

En 2008 mon père est décédé. Je lui avais fait part de mon projet en faveur des libertés individuelles et des droits des femmes, particulièrement au Maroc. M.A.L.I. est né en 2009, comme une reprise de flambeau.

Quels sont les plus grands défis actuellement?

Je lutte pour des droits humains qui se veulent universalistes et laïques. Il est essentiel à mon sens que les religions soient de l'ordre de la sphère privée. Il est fondamental- pour un respect des droits et de la dignité humaine, et dans le cadre de la lutte pour l'égalité des sexes, pour l'émancipation des filles et des femmes, que le religieux soit séparé du politique. Au Maroc par exemple, où l'islam est une religion d'État, nous faisons face à des lois et des pratiques sexistes et liberticides, plaçant ainsi les femmes et les enfants en victimes de première ligne. Lorsqu'on lutte pour des droits, il s'agit de droits humains, le droit "divin" n'a pas lieu d’être. La liberté de conscience et la laïcité sont un des piliers de la lutte pour nos droits et nos libertés.

Quelles sont vos plus grandes réussites?

Je pense que d'avoir fondé un mouvement avant-gardiste au Maroc est en soi une réussite. J'ai toujours réussi à mettre en place des actions et des campagnes permettant de briser des tabous et d’aborder des sujets sensibles à travers la désobéissance civile, des happenings et sans langue de bois. Le choc des consciences est une nécessité afin d'espérer un changement des mentalités et des lois. La question des droits sexuels et reproductifs, au premier rang desquels ceux des femmes, des personnes homosexuelles mais aussi le droit à l’avortement, sont encore trop souvent reléguée au second plan.

De ce fait, j'ai par exemple initié en 2012, la journée IDAHOT du 17 mai au Maroc.
Le système masculiniste et patriarcal, trouvant sa légitimité dans la religion, contrôle le corps et la sexualité des femmes. Le droit des femmes à disposer de leur corps n’est pas négociable et je m'attèle à mettre fin à l'aliénation des femmes et de leur corps par l'État.

L’entretien a eu lieu en mars 2021

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Message au monde?

L’impossible n’existe pas. Tout est possible.